- Timeline créée par Quentin Favier -Court récit de vie de ma grand-mère, Marie-Henriette Lechevin
16/12/1926
Aujourd'hui je viens de voir le jour dans une famille d'épiciers ayant pignon sur rue à Tournai. Je grandis dans cette épicerie entourée de mon père, Joachim Lechevin, de ma mère Marie Lechevin, née Montegnies, et de mon frère aîné, Henri. Il est déjà âgé de 14 ans en cette année 1926.
16/12/1929 — 16/12/1939
Pendant ces dix années de vie, alors que le monde est en pleine crise économique et sociale, je continue à tracer ma vie de jeune fille. Notre commerce marche bien. Papa et maman me gâtent beaucoup. Nous allons tous les dimanches au théâtre avec mon papa. Maman n'aime pas ça. Mais elle nous accompagne presque tous les samedis avec ma marraine au cinéma variété.
10/05/1940 — 15/05/1940
Tournai en ce 10 mai 1940 prend des allures de guerre. De nombreux avions allemands survolent la ville. Ils sont en direction des aérodromes du nord de la France. Des abris d'urgence sont construits et creusés à la hâte.Les autorités communales communiquent autour de mesures de sécurité : l'une d'elles consiste à occulter totalement son habitation avec des volets, des tentures ou des bandes de papiers noires afin que les maisons ne soient pas visibles par les pilotes ennemis. Il faut des timbres de ravitaillement pour tout : nourriture, savon, tabac, habillement, etc. Des réfugiés liégeois arrivent chaque jour. Nombreux seront ceux qui ne trouveront pas d'abri pour éviter les bombes.
16/05/1940 — 22/05/1940
J'ai 14 ans. Les bombardements ont été annoncés. Tout le monde le sait, demain notre ville aura un nouveau visage. Celui de l'effroi et de l'horreur. Nous avons quitté notre maison et sommes partis à la chaussée de Douai chez Henri.Les bombardements perdurent nuit et jour. Les sirènes hurlent. Et même si nous tentions de nous occuper dans les caves, chez chacun, c'est la peur au ventre que nous pensons à ce qu'il restera de nos amis, de notre famille et de nos habitations après ces heures sombres.
22/05/1940
Après le bombardement de notre rue, nous avons dû loger chez mon frère Henri. La cohabitation ne s'est pas faite sans mal dans cette maison à la chaussée de Douai. Son épouse Marguerite semble avoir un sacré caractère. Une cliente nous a parlé de ce qu'il reste de notre commerce. A l'image de notre belle cité, le quartier où nous vivions est entièrement dévasté. Dans quelques temps, des baraquements seront construits dans la rue Saint-Martin et chacun essaiera tant bien que mal de se reconstruire en reprenant ses activités d'avant le chaos. La promiscuité avec mon frère et son épouse n'a pas été des plus calmes. D'ailleurs, c'est avec une amère surprise que nous avons appris qu'ils revendaient leur maison. Nous allions donc à nouveau nous retrouver sans toit. Heureusement, une cliente à papa nous proposa généreusement de loger dans une pièce de sa maison (située également à la chaussée de Douai). C'est difficile de se sentir chez soi, quand on vit entre deux valises.
16/12/1926
16/12/1929 — 16/12/1939
10/05/1940 — 15/05/1940
16/05/1940 — 22/05/1940
22/05/1940